Ma modeste contribution de MJ (pas d'expérience de la chose en tant que joueur) : c'est effectivement difficile à faire de manière crédible, sans donner dans la caricature.
J'ai essayé une fois de faire une partie avec que des "PJ du Mal", et ça a rapidement dégénéré en "on tue tout ce qu'on rencontre". C'étaient pourtant pas des joueurs adolescents...
Le problème clé, c'est les "motivations" du mal.
On pourrait résumer ainsi :
- Soit on est dans un univers "manichéen", et les personnages mauvais sont injouables, parce que leur malfaisance s'apparente à de la folie ou à une corruption fondamentale (les Adeptes de cultes noirs dans Cthulhu, qui sont complètement fous, les Orques qui sont en permanence emplis de haine parce qu'ils ont été créés comme ça...). Pour des PJ, c'est impossible à jouer, en tous cas pas sur le long terme. On s'emmerde vite à jouer un PJ qui a juste envie de massacrer tout le monde et de faire advenir la fin du monde. Ou alors il faut un MJ sacrément adroit pour toujours remettre de la nouveauté dans le jeu.
- Soit on joue dans un univers plus "réaliste", et dans ce cas la morale est une question de point de vue... Les méchants de la vraie vie ne savent pas qu'ils sont des méchants, ou alors ils le justifient très bien (de leur point de vue). C'est ce que disait George R. Martin en parlant de la fin du Seigneur des Anneaux : on nous dit qu'Aragorn fut un "roi sage", mais qu'est ce que ça veut dire ? Est-ce que les Rohirrim payaient des impôts ? Qu'est-ce qu'il a fait des Orques ? Il les a tous génocidés, ou il a essayé de les intégrer dans la société ? Dans les deux cas, ce sont des solutions qui ne vont pas sans problème... D'une certaine façon, c'est là qu'on peut en arriver à de vrais dilemnes moraux, ou il n'y a ni bien ni mal, mais des choix pénibles.
Dans ma récente campagne de JRTM, mes joueurs, qui commençaient comme de purs et nobles défenseurs du Bien, ont fini à moitié cinglés, alcooliques et complètement torturés... Parce que pour défendre leurs idéaux ils se retrouvaient parfois dans des situations affreuses, où il n'y avait pas de bonne solution. L'Elfe noldo a commencé à s'intéresser aux arts ténébreux (pour pouvoir défaire un adversaire puissant), le Dùnadan s'est mis à torturer tout ce qu'il rencontrait pour sauver son Roi d'une conspiration malfaisante... Je trouve ça plus intéressants que de jouer des perso "mauvais" ; mes PJ étaient des personnages bons à la base, mais qui ont acquis de grosses zones d'ombre et qui étaient parfois à la limite de devenir ce qu'ils combattaient. Je le leur faisais sans cesse sentir en termes de réputation - oui, vous avez sauvé X ou Y, mais les gens ont la trouille quand ils vous voient passer, les rumeurs font de vous des mangeurs d'enfants, etc.
Bon, dsl, c'était encore trop long...
