RdA

Je sais que vous vous sentez perdus et désorientés. C’est un effet normal des weaponized frequencies auxquelles vous avez été soumis. Nous sommes ici pour vous donner un choc initial, l’impact cognitif à partir duquel nous pourrons reconstruire un psych fonctionnel, capable d’interagir avec le monde réel.

Basically, le monde est devenu un immense parking. C’est un désert froid, plat, bétonné et bitumé. Il n’y a que du goudron, sur des milliers de kilomètres dans toutes les directions. Ici et là, quelques mauvaises herbes géantes, particulièrement tenaces, réussissent à percer à travers 1m50 de sol artificiel et stérile. Il y a du sable poussiéreux et salé dans certaines zones, beaucoup de vent… On ne voit jamais le soleil à travers les nuages, mais la pluie est si rare qu’on peut passer plusieurs mois sans une goutte tombant du ciel. Inutile de préciser que les océans sont aussi morts que la cuvette des chiottes d’une autoroute.

Il n’y a que deux entités. Les nomades, et les hunters automatiques HK577.

Les nomades sont les derniers êtres humains. Ils se déplacent en caravanes de chars à voiles, principalement pour échapper aux hunters, mais aussi pour récolter les maigres ressources qui leur permettent d’alimenter les micro-usines mobiles de recyclage grâce auxquelles ils survivent. Ils parlent un argot instable dérivé de français, mongol, et autres langues du vieux continent. Ils sont éparpillés sur tous les territoires allant de l’Europe à la Chine, en groupes de quelques dizaines à quelques milliers. Il reste 168 431 humains sur la planète.

HK577 are another story. Ce sont des tanks automatiques sur deux roues. Je vais essayer de les décrire. Ils ont la forme d’un cube qui serait coupé en deux en hauteur, les roues étant intégrées au demi-cube. La garde au sol est très faible. Les roues sont pleines, et leur surface périphérique constituée de segments amovibles qui peuvent s’éloigner ou se rapprocher du moyeu. Ce dispositif permet au tank de garder son équilibre, et d’accélérer de façon spectaculaire. Le design global est réminiscent des appareils furtifs du XXIème siècle, avec des zones plates et anguleuses, mats et sombres, propres à dévier les ondes radar. Le HK577 fait à peu près la taille de trois semi-remorques qui seraient garés côte à côte, et il est plus large que long. Sa tourelle aplatie pivote sur 360°, mais est dénuée de canon long, à l’inverse des tanks classiques du XXIème siècle. C’est un outil à tout faire, polyvalent, mortel, adaptif et intelligent. Il semble ne faire aucune distinction : tout humain est un ennemi.

On suppose que les hunters sont fabriqués par une usine automatisée, qui aurait survécu aux événements qui ont fait du monde ce qu’il est aujourd’hui. Mais on ne sait pas où se trouve cette usine. Ce qu’on sait, c’est qu’ils continuent d’être manufacturés, puisque leur nombre augmente malgré le fait qu’on arrive parfois à en détruire. Ils sont aussi ravitaillés et alimentés ce qui, encore une fois, conforte l’hypothèse de l’existence d’une usine automatisée.

La seule chose qui puisse détruire un HK577, c’est un autre HK577. Nous avons des unités spécialisées dans le hacking des hunters, et d’autres unités chargées du déploiement stratégique et tactique des quelques unités qui sont sous notre contrôle. Voici la réalité. Vous faisiez partie d’une de ces unités. Vous avez été frappés par un tir psychoblastique qui a modifié vos schémas neuronaux et vous fait croire, encore aujourd’hui, que vous êtes un citoyen européen du XXIème siècle. Mais votre période de convalescence est maintenant terminée et nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre plus longtemps. Votre peuple a besoin de vous, soldats, et vous allez devoir, malgré l’illusion encore vivace, reprendre vos postes.

Vous reviendrez à la réalité. Ensemble, nous vaincrons.

Bon ben finalement j'aime bien mon début de XXIe siècle...
Amorce de background bien catchy Mister Zero, plus dangereuse que le futur alternatif de Terminator apparemment. Merci.
J'ai essayé quelques secondes de m'imaginer les HK577, mais je t'avoue que je n'ai pas trop réussi... Un petit croquis serait le bienvenu en ce qui me concerne (croquis je craque... Ceux qui ont la référence ont plus de 40 ans...https://www.croky.be/fr-BE ).
Sans mauvais jeu de mot, comment tu imaginais motoriser tout cela ? Système de règles pré-existant ou personnel ?
Et Trante, as-tu continué ?

Bons jeux.

Oh oui, Trante continue, il y a eu un changement complet de la carte du monde, physique et géopolitique. Trante a désormais un voisin tapageur qui s'appelle Kerdlith. Plusieurs choses ont basculé, c'est un peu compliqué mais je posterai les avancées dans un autre thread quand tout ça sera un peu plus présentable.

Sinon pour en revenir, je dirai oui, là on est sur un futur ultra contrasté. L'idée des nomades en char à voile, c'est quelque chose qui me reste en tête depuis un sacré bout de temps, que j'ai toujours trouvé très poétique, mais je ne voyais pas bien où ça venait trouver sa place. D'un autre côté, j'avais cette idée de tank se battant sur de vastes espaces plats... (à une époque je me souviens, c'était des Formule1 géantes ressemblant à des Jet-Fighters, mais je sentais bien que ça ne collait pas) ...bref, quand on pousse la logique militaire/pollution au maximum, on arrive à ce qu'il peut y avoir de plus froid et mort : un monde devenu parking où des tanks mi-cubiques noirs tirent sur tout ce qui bouge. Sans raison. Tu vois, une absurdité totale qui contraste avec l'incarnation de la philosophie de l'instant purement implémentée par les nomades, qui vivent sans laisser de traces, ni rien consommer.

J'ai pas du tout réfléchi à la motorisation du bouzin. Mais en fait je crois que j'ai smashé le concept littéralement en écrivant le post (Dionysos et Éris se taquinaient méchamment ce soir-là). Donc c'est tout frais, ça vient juste de sédimenter.

Ah oui et pour le croquis (gag pardonné ) bah je dessine super mal donc il va falloir que je défouraille mon gros Blender de derrière les fagots pour faire un petit modèle 3D. Obligé. Heu... en attendant, imagine qu'un char AbramsX ait copulé avec une Lamborghini Countach noir mat, et que le résultat soit passé au compresseur pour le faire rentrer dans une boîte de 7m x 7m x 5m.

Avec des dents.



*grammaire

Je crois que le pire, c'est que la plupart des couleurs ont disparu. Les rares plantes géantes qui existent encore ne sont pas vertes, parce qu'elles n'utilisent pas de chlorophylle. Le ciel n'est jamais bleu. Le soleil jaune n'est jamais visible. Le soir n'est jamais rose ni orange. Les nomades ne connaissent aucune ressource dont ils pourraient tirer des pigments qui leur permettraient de colorer leurs vêtements ou les voiles de leurs chars. Il n'existe que le sel, le béton, le bitume, la chair et le sang.

Même l'art simple de faire du feu s'est perdu depuis longtemps et à vrai dire, si Ceux-qui-parlent devaient un jour être témoin d'un incendie, ils ne comprendraient même pas ce qu'ils voient. On sait se chauffer cela dit ! Dans les carcasses de hunters, on trouve des disques métalliques noirs, qui s'effritent peu à peu et qui sont naturellement chauds. Ils ont le diamètre d'une assiette et 5cm d'épaisseur. On peut les empiler, et quand on le fait ils deviennent encore plus chauds.

Heu... donc maintenant attention les chaussures, ça risque d'éclabousser un peu. Désolé je n'ai pas le choix.

Tout est recyclé... tout. Le respect des morts est le pilier de la culture nomade de Ceux-qui-parlent. Quand un membre de la communauté décède, sa peau est tannée et traitée pour réparer une voile, ou en coudre une nouvelle. Les divers fluides de son corps viennent alimenter les micro-usines de recyclage qui permettent aux nomades de survivre. Les os, les cheveux, sont utilisés pour fabriquer des outils et tisser des vêtements de fibres végétales. La chair elle-même est consommée de manière rituelle par les descendants et les proches, ce qui est un honneur et un privilège. La seule exception à l'usage de la peau pour faire des voiles, c'est que celle du chef de tribu sert à fabriquer le nouveau tambour de la tribu.

Il n'y a pas de guerre entre les clans ou les tribus. Il y a des divergences parfois, quant à la meilleure façon de survivre, mais globalement tout humain est ami de l'humain. C'est parce que la lutte contre les hunters est si féroce, que les lambeaux d'humanité sont solidaires. Les conflits sont traditionnellement résolus en offrant le plus gros cadeau possible : si l'adversaire ne peut offrir un plus gros cadeau, il perd la face, parce que cela montre qu'il est moins "puissant".

Le rire n'existe plus. Ce qui s'en rapproche le plus, c'est une forme de "hoquet" saccadé, pour ainsi dire, qui survient quand une personne est très surprise, mais qui n'est pas spécifiquement associé à une émotion positive. Le "sourire" est devenu l'expression qu'on adopte quand on est dominé ou stressé, c'est plutôt un signe de vigilance ou de soumission. Dans une situation "pas trop dangereuse", ça veut surtout dire "ok pas de problème, comme tu veux". Quand on voit un hunter à l'horizon... on montre toutes ses dents. On dit toujours "oui" en inclinant la tête de haut en bas. Toutefois on dit "non" sans changer la direction dans laquelle pointe la tête, mais en basculant la tête de droite et de gauche, de sorte à rapprocher une oreille, puis l'autre, des épaules, rapidement.

La coutume veut que les jeunes adultes, premiers nés ou premières nées, quittent le clan dont ils sont originaires. Le passage à l'âge adulte est marqué par une cérémonie qui dure plusieurs jours, et qui a lieu quand deux clans campent à proximité l'un de l'autre. Les tribus de chacun des clans se rassemblent, il y a des repas, des danses rituelles, et en s'éloignant des tentes à la nuit tombée, on peut trouver un peu d'intimité pour faire connaissance. Au fil des décennies, c'est devenu de plus en plus rare, et maintenant plusieurs années peuvent s'écouler sans qu'un clan ne participe à un "Festival Rouge", parce qu'on ne peut en organiser un que si on peut s'assurer que le risque d'attaque des hunters est faible. Or s'en assurer est de plus en plus compliqué parce que leur nombre augmente. De plus en plus souvent, on envoie discrètement deux ou trois jeunes, accompagnés d'un voyageur expérimenté, pour un périple de plusieurs semaines vers un autre clan. L'accompagnant revient avec le même nombre de jeunes de l'autre clan. Les traditions se perdent, mais Ceux-qui-parlent savent encore, culturellement, ce qu'est la dégénérescence par consanguinité.

Nous allons maintenant aborder la réalité religieuse, car Ceux-qui-parlent reconnaissent qu'ils vivent dans la main d'un dieu en colère. Les hunters sont les vecteurs de la punition divine. Il est évident qu'ils ne frappent que les tribus qui ne respectent pas les traditions. Si tout le monde respecte l'ordre établi, dont les anciens sont garants, il n'est nulle crainte à avoir, comme le montrent les saintes écritures. Bah oui, rien de neuf sous le soleil, vous croyiez quoi ? Boys will be boys. Ce qui a fait la chute de l'humain fait encore la chute de l'humain.

J'ai pas du tout réfléchi à la motorisation du bouzin.

Tu n'as qu'à utiliser une Sheckley (Robert). Une boite qui rempli la fonction énergie/propulsion. Cet auteur se moquait du comment cela fonctionne scientifiquement. Ce qui importait pour lui c'était de disposer de machines fonctionnelles dont il avait besoin pour ses récits.

Si tu veux plus d'explications, l'énergie gravitationnelle inhérente aux atomes devrait suffire pour alimenter les blindés en énergie électrique, le tout contenu dans une boite de 50 cm de côté avec des protubérances en demi lunes sur les côtés. A quoi servent les protubérances, j'en sais foutre rien, mais ça fait joli dans la description.

Non, je répondais à la question "Système de règles pré-existant ou personnel ?", désolé pour le malentendu.
Merci de m'avoir remercié Esbehmj, ça m'a touché.