Death Race 2000 (
la Grande Course de l’An 2000 en VF ) tourné par Paul Bartel en 1975 est une anti-utopie passablement déjantée et absolument hilarante. Ceux que ça n’intéresse pas, passez votre chemin…
En l’an 2000 donc, le Parti Bipartisan domine des États-Unis en pleine crise et peuplés pour l’essentiel de crétins avachis devant leur télé et en adoration devant leur voiture; leur spectacle favori est justement de courses de voitures. De courses qui se signalent par deux détails
- elle ne se déroulent pas sur des circuits mais sur les routes normales et dans les villes.
- Ce n’est pas seulement l’ordre d’arrivée qui compte mais aussi le nombre de victimes qu’on a écrasées, selon un barème ( les gosses et les vieux rapportent le plus )
À toute course il faut des coureurs, voilà donc les cinq champions de l’Amérique qui vont s’affronter dans LA grande course annuelle où il s’agit de traverser les USA d’est en ouest. Notez bien que chaque pilote, tel est le règlement, a un copilote du sexe opposé.
- Un qui est là parce qu’il en faut cinq: Nero the Hero, en empereur romain de carnaval. Il ne restera pas longtemps et ce n’est pas une grande perte.
- Une qui est là purement pour faire exploser le niveau de fun: Matilda The Hun. Imaginez une blonde dans une voiture customisée pour ressembler à une bombe volante V-1 ( et une énooorme svastika dessus, naturellement ), qui fonce à toute blinde en braillant BLITZKRIEGGG !
Vous aurez compris que c’est ma chouchoute, sans elle le film ne serait pas ce qu’il est.
- Une qui serait sympathique si elle faisait un autre métier: Cowboy Calamity Jane avec sa voiture à l’avant orné de cornes de taureau
- Un qui est inénarrable, joué par Stallone qui se donne à fond dans le meilleur rôle de sa carrière ( Sérieusement. Il faut dire que je n’aime pas Stallone

): Machinegun Joe Viterbo ( son gimmick, c’est d’avoir l’air d’un gangster des années 20 ), un macho teigneux, grande gueule et bas du front, fou de jalousie de n’être que le deuxième meilleur
- Un qui est une légende vivante et le seul vainqueur de deux Grandes Courses: Frankenstein, ami personnel du président. On raconte que chaque centimètre de son corps qui n’a pas été remplacé par des prothèses est couvert de cicatrices et de brûlures, mais c’est dur à dire dans sa combinaison en cuir noir qui le cache entièrement… Sa voiture a des allures de dragon, ce qui s’accorde particulièrement bien avec la scène de la membre de son fan-club qui s’offre en sacrifice, en robe blanche et des fleurs dans les cheveux, pour augmenter son score*.
Tout régime futuriste a ses rebelles, et si vous n’avez pas compris que la copilote de Frankenstein n’est autre que la petite-fille de leur leader Thomasina Paine infiltrée là pour l’éliminer et le remplacer par un double qui doit tuer le Président quand il lui remettra la coupe du vainqueur, vous devriez avoir honte de vous.
Leader toutefois contestée. Comme toujours, les luttes de pouvoir prennent la forme de conflits idéologiques: alors que Mme Paine ne veut tuer que le Président, les éléments radicaux qui la mettent sur la touche entendent éliminer les coureurs aussi. Je suis entièrement d’accord avec cette approche, d’abord parce qu’ils le méritent bien et ensuite parce que ça va nous fournir des scènes géniales à la pelle dont je vous laisse la surprise. Je me contenterai de dire que quand le Président apprend la mort de trois coureurs sur cinq il annonce au peuple que l’Amérique est attaquée par les Français.
Words cannot describe.
Le seul reproche à lui faire et qui l’empêche d'être vraiment un grand film, c’est la fin qui sent le bâclage: il est décevant et ridicule que le Président soit si facile à tuer…
* À y repenser, je me demande si la scène de sacrifice dans
Dragonslayer/
Le Dragon du Lac de Feu n'est pas un écho… celui-la aussi il faudra que j'en ponde une critique.